Svend Hecker .

Svend est un ensorceleur. En faisant profiter aux filles de ses œillades charmeuses, il a prestement compris qu’il avait la possibilité de leur soutirer bien des choses sans rien leur offrir de plus que son sourire. Seulement, une fois charmées, elles deviennent exigeantes, et du haut de ses vingt quatre ans, il appelle ça les risques du métier. De ce fait, on pourrait aisément le qualifier d’adhérent fier et actif de l’association des salauds de Finlande, mais il n’en est rien, tout cela n’est qu’apparence. Avec le temps, Svend aurait dut apprendre à se contrôler, mais non. Il a de toute évidence atteint le stade critique de l’homme qu’on regarde avec un mélange de pitié et de dégout parce qu’il a fait de lui une sorte de sans-abris, ce qui n’est forcément qu’une question de choix, quand on sait qu’il a les moyens de se procurer des vêtements à sa taille et qu’il possède un toit pour se loger. Lui, Svend Hecker, a choisi. Ouais.
Ce qu’il n’a pas choisi en revanche, c’est ces moments d’hystérie complète qui le submerge à chaque fois qu’il croise le chemin d’un canapé en cuir brun ou d’un pot en terre cuite. Heureusement, les symptômes sont facilement repérables et permettent bien souvent d’éviter la catastrophe de justesse ; lèvre inférieure qui tremble, tête de perdu, etc…
Le jeune homme a d’ailleurs l’air de quelqu’un de vaguement dérangé, mais c’est une attitude qu’il entretient avec ferveur, cultivant un look de débauché qu’en réalité, il est complètement. Il prend également grand soin de ne jamais être complaisant, car il déteste les gens qui ont cette faculté de vous faire ravaler vos problèmes à l’aide d’une simple petite friction dans le creux des omoplates alors qu’il considère que qui ne va pas bien doute forcément d’aller bien un jour. Il préfère de loin être cruel et méchant à un point inimaginable aux moments ou les gens s’y attendent le moins, ce qui lui offre une distraction en même temps qu’une différence avec la norme prodigieuse.
Ce n’est pas quelqu’un de sérieux, même s’il n’est pas très bavard et qu’il relève de l’impossible d’entendre son rire. Ses idées ne sont généralement pas très claires mais le jeune homme a eu le temps de trouver un remède contre ça ; il fabrique des statues en papier mâché avec un Kleenex. Cette activité clarifie tout, et en tout point. Malheureusement, cette occupation là fait partie des plus saines auxquelles Svend consacre sa vie. S’il était quelqu’un de connu et non pas un simple petit vendeur de vinyles et autres cds, son existence médiocre remplirait des pages et des pages de tabloïds.
Il n’a aucune croyance, est loin d’être superstitieux et possède la spiritualité d’une paire de collant, donc, allez savoir ce que signifient les dizaines de Bouddha et divers objets occidentaux qui jonchent le bureau de sa chambre sans être totalement dépassé au bout de cinq secondes. Ses sites Internet préférés sont incontestablement ceux qui contiennent des mots pornographiques dans le titre et il n’a pas assez de morale pour s’empêcher d’appeler son frère ‘ mein Fürher ‘ lorsqu’il déclare qu’il lui donne trop d’ordre.
Et pour finir, il suffit de dire qu’il est un peu comme l’oncle Fétide de la famille Adams, ouais, possible qu’une ampoule s’allume lorsqu’il la met dans la bouche.